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Tu vois ce que je veux dire ?

Céline Ahond

du 20 novembre au 18 décembre 2013

En résumé

« Tu vois ce que je veux dire? » est une performance (19 novembre 2013) ; un livre bilingue qui déplace l'espace de la parole dans l'espace de la page ; une peinture murale qui ponctue l'exposition « Le geste premier ».
Céline Ahond manie des langues des signes : la parole s'expose, les images se racontent, l'écriture se met en scène, dans une exploration de la polysémie des mots choisis ou de l'interprétation de la fable déroulée. « Tu vois ce que je veux dire? » répond à l'invitation du BBB centre d'art d'intervenir dans l'espace d'exposition, l'espace public et d'engager la conversation avec nos voisins, l'imprimerie braille CTEB.

« Que ce soit sur la place publique ou dans un espace dédié à l'art, prendre la parole c'est tracer le chemin d'une pensée en construction au sein même des arts plastiques. Je joue sur les interstices entre les images et les mots. (...)Dans ce langage il n'y a pas de texte écrit, mais c'est une trame précise et répétée dans laquelle la parole libre répond à la nécessité de l'adresse. Dans cette écriture par associations je télescope et organise tout ce qui accompagnera les images : lectures de citations, références directes au contexte, commentaires, souvenirs, anecdotes. Cette dimension parlée du travail met jeu en une pensée visuelle».
Céline Ahond

_Céline Ahond | née en 1979 | vit et travaille à Paris
_Commissariat : Cécile Poblon
_Dans le cadre de « Graphéine, une saison du dessin contemporain #5 », réseau Pinkpong

« Tu vois ce que je veux dire ? » est une peinture murale qui ponctue l'exposition « Le geste premier », une performance (19 novembre 2013), un livre : une série de rectangles verts monochromes (portes, panneau de bois déplacé par l'artiste durant la performance, édition). Ces surfaces vertes (de la couleur d'incrustation vidéo permettant de faire apparaître toute image ou type de décor en studio d'enregistrement) deviennent le réceptacle des interrogations langagières de l'artiste. Arrêt sur image, traversée du miroir et fabrique d'images mentales, « cette couleur devient la couleur de toutes les images possibles : c'est un trou dans l'espace, une ouverture »*.

Si l'art de Céline Ahond est d'abord un art de la performance, l'art impérieux d'une oralité qui se transmet, la parole incarnée d'une pensée en éveil, ses interrogations peuvent être reliées aux recherches de l'artiste conceptuel Joseph Kosuth. « One and Three Chairs », 1965 : l'objet, sa photographie et la définition tirée d'un dictionnaire du mot « chaise » sont installés contre une cimaise d'exposition, comme autant de degrés possibles dans la perception, la compréhension et la réalité d'un concept et d'un objet. Se saisir de notre monde, par la sensation, l'image, l'écriture, le langage, absolument, même par fragments.

Le livre « Tu vois ce que je veux dire ? », qui déplace l'espace de la parole dans l'espace de la page est la première adresse de l'artiste à un autre qui n'est plus le public d'une performance.

Cécile Poblon

* Céline Ahond, « Tu vois ce que je veux dire ? », extrait du texte - éditions BBB, fais-moi de l'art, 2013